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«Personne n’est inemployable», déclare Yonnec Polet, rapporteur du CdR  

2023 a été proclamée Année européenne des compétences. Au cours de cette année, la Commission européenne souhaite imprimer un élan nouveau à la formation et à l’apprentissage tout au long de la vie, en particulier dans le contexte des transitions écologique et numérique. Toutefois, le perfectionnement professionnel n’est pas une panacée pouvant remédier à toutes les formes de chômage. Notre interlocuteur du jour, Yonnec Polet (BE/PSE), affirme qu’une réaffectation des ressources publiques est nécessaire pour créer des emplois là où le marché n’en crée pas spontanément.

Yonnec Polet, premier échevin de Berchem-Sainte-Agathe (Bruxelles) et rapporteur du CdR, explique dans cet article l’avis qu’il a élaboré sur les solutions à apporter au chômage de longue durée dans l’Union, qui touche pas moins de 6 millions de personnes.

L’avis d’initiative est intitulé «Zéro chômage de longue durée: la perspective locale et régionale». Il donne un exemple de solution envisageable au niveau local, à savoir un projet visant à offrir des possibilités d’emploi adaptées aux personnes qui n’ont pas travaillé depuis un an ou plus.

En 2016, le Parlement français a adopté à l’unanimité une motion visant à tester ce projet dans dix localités afin d’offrir des emplois correspondant aux besoins spécifiques de la région et aux capacités des chômeurs de longue durée disposés et aptes à travailler. Depuis lors, le projet a également été déployé en Belgique (à Bruxelles et en Wallonie), à Groningue aux Pays-Bas et à Marienthal en Autriche.

Le concept des «territoires zéro chômeur de longue durée»

Comme l’explique M. Polet, cette initiative repose sur plusieurs principes, le premier étant que personne n’est inemployable: «Chacun possède des compétences qui peuvent être mises à profit au bénéfice des individus eux-mêmes, de la société et de leur communauté.»

Le deuxième principe sur lequel se base l’initiative est le fait qu’il ne manque pas de travail à accomplir dans la société: il existe des besoins sociaux et environnementaux qui ne sont pas satisfaits et qui nécessitent la création d’une variété d’emplois utiles.

Le troisième principe mis en avant est que le problème ne découle pas d’un manque d’argent, puisque la privation d’emploi coûte plus cher que la création d’emplois supplémentaires.

Répondre aux besoins sociaux tout en créant de l’emploi

«À titre d’exemple, je citerai des projets concrets que j’ai eu l’occasion d’observer dans le 13e arrondissement de Paris. L’idée était de créer une entreprise à but d’emploi qui a recours à des fonds publics pour engager du personnel sous la forme de contrat de travail à durée indéterminée et moyennant une rémunération au moins équivalente au salaire minimum. Le travailleur fait lui-même le choix de se remettre au travail, cela ne lui est pas imposé, contrairement à ce qui se produit dans certains autres systèmes de retour à l’emploi, qui affichent des résultats médiocres à long terme.»

Une entreprise à but d’emploi pourrait par exemple décider d’ouvrir une boutique de réparation de vélos, sauf si un tel commerce existe déjà dans la zone concernée. Les restaurants sociaux constituent une autre activité possible pour ces entreprises: étant donné qu’ils sont tournés vers une clientèle toute particulière, ils ne concurrencent pas les restaurants traditionnels. Il existe également des projets de livraison rapide, par exemple au moyen de vélos-cargos.

«J’ai également pu voir un fantastique projet de “conciergerie”, à savoir des services aux personnes âgées proposés par une équipe qui se met à leur disposition, par exemple pour faire leurs courses, les aider à se rendre à leurs rendez-vous médicaux ou encore effectuer des travaux de réparation que ces personnes ne peuvent pas réaliser elles-mêmes.»

«Tous ces emplois répondent à des besoins sociaux qui ne sont généralement pas satisfaits par l’économie de marché traditionnelle. En outre, ils contribuent à réparer le tissu social et à redonner de la fierté aux personnes concernées.»

Le perfectionnement professionnel n’est pas nécessairement la solution

Pour M. Polet, cette réponse au chômage de longue durée se distingue de ce qu’il considère comme la réaction «classique» aux cas de chômage, à savoir le fait de se concentrer exclusivement sur le perfectionnement professionnel: «Tout le monde ne devient pas plombier, informaticien ou coach. Certaines personnes ont davantage de difficultés et il est important de s’adapter à chaque profil.»

Yonnec Polet estime qu’il faut abandonner la gestion du chômage fondée exclusivement sur la préconception qu’il s’agit d’un «problème individuel», imposant ainsi à un individu la responsabilité et la culpabilité qui y sont liées, et reconnaître qu’il existe également une «responsabilité collective».

Un projet repris à la fois par les pays interventionnistes et les États plus libéraux sur le plan économique

«Même les Pays-Bas, qui fonctionnaient jusqu’à présent sur un modèle axé sur la responsabilité individuelle, ont décidé d’adopter ce projet», précise M. Polet.

Pour lui, les résultats parlent d’eux-mêmes et suffisent à convaincre les sceptiques. Le projet étant à présent en place, les autorités néerlandaises «ambitionnent d’employer 250 personnes à Groningue», deux autres villes du pays ayant également adopté ce modèle.

La valeur ajoutée de la participation de l’Union

Comme l’explique M. Polet, l’Union européenne a déjà mis en place des politiques de protection et de financement de l’emploi: la garantie pour la jeunesse  a donné lieu à un investissement de 9 milliards d’euros pour permettre aux citoyens âgés de 30 ans ou moins de trouver un emploi ou de le conserver. Les Pays-Bas et la Belgique ont fait appel au Fonds social européen plus pour cofinancer jusqu’à 50 % de certains projets relatifs à l’emploi. Le financement provient donc pour moitié de l’Union et pour l’autre moitié d’entités locales.

Le projet d’avis élaboré par Yonnec Polet sera examiné lors de la prochaine réunion de la commission SEDEC qui se tiendra le 17 février.

*Cet entretien a été réalisé dans le cadre du programme des jeunes élus du CdR.

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